Léane et le mutisme sélectif: témoignage d’un Papa.

mutisme sélectif

Je travaille avec Léane depuis le 20 février 2021. Elle avait 6 ans, et était en classe de CP. Léane est une petite jeune fille extrêmement courageuse et volontaire. Et, croyez-moi, elle n’a plus grand chose à prouver.

Atteinte de mutisme sélectif depuis son plus jeune âge, ses parents ont connu un réel parcours du combattant dans l’accompagnement de leur enfant, face à une pathologie relativement méconnue en France.

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Voici le témoignage de son Papa.

 » A l’entrée en petite section de maternelle, la maîtresse a vite remarqué une grande timidité chez Léane. Elle ne parlait à personne, ne montrait aucune émotion sur son visage (pas de pleurs, pas de sourires…), ne mangeait pas à la cantine, alors qu’à la maison, c’était un « vrai moulin à paroles ». Nous avons très vite pris un rendez-vous chez un psychologue qui a confirmé une grande timidité. Cependant, les semaines passaient, les mois passaient… et aucun mot ne sortait de sa bouche.

Mon épouse a fait des recherches sur internet et a trouvé un article concernant le mutisme sélectif. Très peu connu en France, le mutisme sélectif correspond à un trouble anxieux par lequel un enfant à une incapacité persistante à parler dans plusieurs situations sociales (à l’école, à la crèche, au restaurant…), alors qu’il est en capacité de parler dans d’autres situations ‘à la maison, avec les grands-parents).

Dans un premier temps, nous avons pris contact avec l’association « Ouvrir le voix », association d’entraide et d’informations sur le mutisme sélectif. Cette association est présidée par une maman dont l’enfant a été atteint de mutisme sélectif.

Avec l’équipe pédagogique de l’école, nous avons mis en place certains aménagements pour travailler l’oral, comme par exemple, l’enregistrement de poésie par vidéo, lecture de textes par dictaphone. Les enseignantes se sont adaptées pour établir un lien de confiance avec Léane et également un moyen de discussion (par des images, des signes, des instruments). L’équipe pédagogique nous a conseillé un suivi psychologique et le dépôt d’une demande de l’AEEH auprès de la MDPH afin de financer les différents frais. La MDPH a répondu favorablement a notre demande.

L’AEEH (allocation d’éducation de l’enfant handicapé) nous permet le financement d’un suivi psychologique et d’un suivi avec une coach énergéticienne qui permet à Léane de travailler sur ses émotions.

De plus, parallèlement à l’école, nous recevons à la maison des copains/copines très proches (un par un) pour essayer de développer des discussions dans son environnement.

Aujourd’hui, Léane a 8 ans. Elle ne parvient pas encore à parler avec les personnes extérieures à son environnement familial. Mais, elle est beaucoup plus à l’aise dans les endroits extérieurs, elle sait exprimer ses émotions (sourires, pleurs, éclats de rire, etc). Elle s’autorise à communiquer à sa manière (hochements de tête, par exemple). Elle mange également à la cantine, fait de la danse classique, elle arrive même à danser devant un public lors des galas. Et, depuis peu, elle sait bouger les lèvres devant certaines personnes. Il ne plus que le son ».

A l’occasion de notre séance du mois de juin dernier, j’ai vu arriver Léane avec ses deux parents et son petit frère. En règle générale, Léane était accompagnée par son papa uniquement. En effet, ils avaient une nouvelle a m’annoncé. Et quelle nouvelle!!

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Léane s’est approchée de moi, et j’ai entendu, de sa bouche « bonjour Sylvia ». Pour le coup, j’en suis restée, bouche bée!, et j’en ai eu les larmes aux yeux.

Aujourd’hui, lors de nos séances, Léane est, comme l’exprimait son papa plus haut, « un vrai moulin à parole », et c’est un vrai bonheur!